A la Lekkarod, Rémy Coste nous révèle TOUT ! Il a eu l’immense gentillesse de nous accorder plus d’une heure d’interview et de séances photo. On passe en revue des dizaines de sujets du mushing de compétition.
L’article qui suit est vraiment riche en information. J’y ai passé beaucoup de temps et je suis certain qu’il va vous plaire. Si vous reconnaissez le travail et que vous voulez soutenir l’initiative, alors PARTAGEZ MAINTENANT l’article sur les réseaux sociaux, dans les groupes de chiens ou sur les forum canins.
Rémy Coste a répondu à toutes nos questions. Avant de partir à la Lekkarod, je vous avez demandé sur la page facebook Musher Experience quelles questions vous souhaitiez que je pose là-bas. Je vous ai écouté et toutes les réponses sont dans cet article dont voici le sommaire:
Peut-on vivre de la compétition en chiens de traineau?
Rémy Coste, ses 27 chiens et sa vie de famille dans son bus
Le planning type du musher Rémy Coste
Le repos pour un entrainement efficace
Quelle distance par entrainement?
Comment entretenir la motivation de ses chiens à courir?
L’équipement de Rémy Coste: harnais, ligne de trait, traineau
Les bottines à chiens et graisse à traire
Les vétérinaires
La race des chiens de Rémy Coste
La morphologie d’un Eurohound
La méthode de suivi des entrainements
La stérilisation
Le choix des chiens dans l’attelage
Les concurrents et amis de Rémy Coste
Vous voyez, le sommaire est chargé ! Alors c’est parti on regarde ensemble tout ça et n’oubliez pas: parlez-en autour de vous, partagez l’article. Merci.
L’interview de Rémy Coste en vidéo
30 minutes de vidéo, d’explications de Rémy Coste.
(le son est pas top au début mais s’améliore après)
Rémy Coste se consacre uniquement à la compétition depuis 2013
Rémy Coste est diplômé d’état “éducateur sportif” mention “attelage canin”. Il a exercé ce métier de 2009 à 2013.
Depuis 2013 Rémy et sa famille se consacrent uniquement à la compétition.Il a pris ce virage dans sa vie car il devait faire un choix: “c’qu’on demande à un chien en activité professionnel et en activité compétitive sont 2 choses différentes. Donc soit il faut avoir 2 meutes différentes, soit il faut choisir.”
Vivre de sa passion: la compétition de chiens de traineau, possible?
Une journaliste tente de poser une question: “La compétition vous permet de vivre…?”.
Rémy Coste la coupe nette pour la ramener à la réalité que vivent les mushers dans l’univers du chien de traineau de compétition: “Non, la compétition me coûte. Il n’y a aucun professionnel qui ne fait que ça. C’est un sport qui coûte cher: ça demande beaucoup de chiens, il faut les éduquer, les nourrir, les soignés, et ça toute l’année 365 jours par an, plus les déplacements,…”.
Les dotations dans le mushing
Vient alors le sujet des dotations lors des compét’. La dotation la plus importante en Europe actuellement est celle sur la Grande Odyssée. Mais encore une fois, Rémy Coste nous livre la difficile réalité: “ne serait ce que les soins des chiens, on est bien loin de les couvrir.”
Rémy Coste et ses 27 chiens Eurohound
Rémy Coste à 27 chiens dont 20 dans son team de compétition, 4 retraités (donc des chiens qui ne sont plus vraiment en activité), 3 jeunes chiots de 7 mois (qui ne sont pas encore prêt pour la compétition mais sont en passe de le devenir).
A 7 mois, Rémy vient de terminer leur éducation et va commencer l’attelage tranquillement dans 1 semaine – 15 jours. Comme je le précise dans mon pack pour apprendre à faire du canivtt avec son chien, on semble être raccord là dessus: faire débuter la traction doucement, progressivement, à partir de 8 mois.
Le bus de Rémy Coste est pour toute sa famille, chiens compris !
“J’ai conçu ma vie pour la compétition. On va passer 4 mois en Suède en famille pour les compèt’. Tout le monde va dire le rêve ! Oui, mais le rêve peut vite finir en cauchemar. S’il fait froid, si vous avez pas d’eau, un minimum de confort,…Pour que ce rêve prenne forme, ben voilà…”, Rémy nous montre le bus derrière lui, “c’est un bus de tourisme de 55 places qu’on a vidé complètement aménagé, pour la pratique de notre sport tout en étant en autonomie. La moitié arrière est dédiée aux chiens, l’autre moitié à nous (la famille Coste)”.
Rémy Coste et sa femme ont 3 enfants: 17, 15 et 12 ans; les 3 font de la compétition et étudient en sport études, le CNED étant trop compliqué à appliqué réellement.
Grâce aux sports études, les enfants bénéficient des mêmes avantages que le ski. Ils sont libérés tout l’hiver. Ils font leur BAC en 4 ans au lieu de 3. Pendant que les autres sont en vacances scolaire, eux continuent un peu l’école. Bref, ils ont pu aménager leur temps entre étude et passion dévorante.
Corentin, 17 ans, fait du ski joring et s’entraine à part. Axel, 15 ans, qui fait de la mid distance et Montaine, 12 ans, s’entrainent avec leur papa.
C’est quoi le planning type de Rémy Coste?
“Le problème d’un chien de sport c’est l’hydratation”
Tout est consacré aux chiens. Rémy se lève à 3-4h du matin pour les hydrater leur donner à manger. Je me rappelle avoir fait pareil pour les chiens d’Eric Weidmann, lorsque j’étais handler pour lui à La Grande Odyssée.
Les chiens boivent énormément et le problème d’un chien de sport c’est l’hydratation (lire l’article “Coup de chaleur chez le chien“). Sur 18 chiens, ils doivent prendre une 30aine de litres au total.
Juste avant la course
Tous les chiens tous les jours sont massés. Ça représente 3h de massage par jour par chiens. En tout, 4 massages: 2 avant, 2 après.
La famille Coste les masse, leur donne un petit snack – ils donnent de l’Energy Booster qu’on peut trouver chez Royal Canin dans la gamme sportive – un peu d’eau, un peu de jeu en liberté, puis de nouveau des massages juste avant la course.
Immédiatement après la course
Après la course immédiatement, la famille Coste donne à boire à leurs chiens. Rémy nous précise qu’il donne de la maltodextrine, un supplément glucidique utilisé par de nombreux athlètes, pour apporter de l’énergie. A titre indicatif le Power Boost Icepaw possède 22% de maltodextrine. Ensuite direct massage, ensuite les chiens ressortent, puis à manger.
Tout le monde masse les chiens. Toute la famille est en étroite collaboration avec des vétérinaires pour déceler les potentiels problèmes que pourraient avoir les chiens.
Le repos, une clé pour un entrainement réussi
Dans l’interview Rémy Coste nous révèle une des clés qu’il a découvert et amélioré ces dernières années: le repos. Rémy reste sur ses positions: “il faut entrainer dur”, mais nuance en apportant la touche qui perfectionne le rendement de ses entrainements: “Il faut du repos”.
“La différence avec les années précédentes, j’ai fait moins de km mais mieux.”
Rémy et ses chiens font toujours du non stop toute l’année, mais par contre avec plus de repos, à l’écoute des chiens et des conditions environnantes.
“Il y a ce qu’on a prévu de faire et il y a la lecture du chien. Si les températures sont pas bonnes, si la neige n’est pas bonne, si le terrain n’est pas bon ou si je sens une petite baisse de forme ou de motivation chez le chien, je n’hésites pas à m’arrêter 1 jour, 2 jours, 3 jours, pour reprendre progressivement après.”
Quelle distance par entrainement?
Pour les chiens de Coste, un petit entrainement équivaut à minimum 20km. Le maximum qu’il ait fait cette année fut 98km. Au total, en gros dans l’année, les chiens ont fait environ 7 000km.
Je m’entraine l’été en France. Sinon le reste en Scandinavie, entre la Suède et la Norvège pour les terrains et le climat le plus propice. Mais attention, même en Scandinavie ça devient très compliqué.
Entretenir la motivation de ses chiens
Pendant 3 mois je ne suis pas resté 8 jours au même endroit: pour trouver le terrain le plus adapté mais aussi pour la motivation du chien.
“Les chiens si vous leur faites faire 50 fois le même parcours, les chiens se lassent”.
C’est comme ça que Rémy Coste travaille le mental des chiens. C’est comme un sportif, le mec qui fait toujours le même parcours, à un moment donné ça ne l’amuse plus. Le but n’est pas de courir pour courir. On court dans un but précis (sauf Forest Gump lol, et encore).
Les 150 maillons d’un compétiteur
En compétition, tout a un impact. Pour réussir c’est 150 maillons à la suite des autres qui vont faire que ça donne des résultats.
La ligne de trait est de chez Lancelin. C’est de la corde Dyneema, très résistant mais très léger.
Le traineau de chez Danler, qu’ils ont tout démonté, tout revu pour gagner du poids. “Le poids est important. Si on peut gagner 500g c’est ça de gagner”, nous précise Rémy.
Le fartage (vidéo de démonstration à venir avec Jason Fournier) se fait à chaque fois avant de partir. Corentin est le farter de la famille.
L’utilisation de bottines à chiens et graisse à traire
On entraine beaucoup avec des bottines. Il y en a qui sont systématiquement bottinés quel que soit la qualité de la neige. On graisse systématiquement tous les chiens avec de la graisse à traire.
J’ai utilisé les bottines en système vibrane (voir sur Zooplus?) en saison automnale. Je l’utilise uniquement lorsqu’un chien c’est blessé, et qu’il aurait besoin de courir. Mais pas au quotidien, sinon ça cause d’autres problèmes d’autres blessures. J’utilise des bottines pour chien en Cordura, classique, pas vraiment épaisse car au bout de quelques km elles sont mortes.
Côté véto: pas 1 mais plusieurs vétérinaires
Je n’ai pas 1 seul véto mais plusieurs véto. Car chaque véto est spécialisé et selon la pathologie du chien je vais vers le meilleur dans son domaine. On bosse beaucoup en ostéopathie, en acupuncture, en naturopathie, médecine par les plantes, en huiles essentielles. Les soins les plus fréquents vont être les soins des coussinets, les interdigitaux, les petites douleurs aux poignets, de petites inflammations.
La race des chiens de Rémy Coste
La race de mes chiens: des Eurohound ou Scandinavian hound.
Ce n’est pas une race mais un croisement: beaucoup de chiens de chasse: Pointer, Greyster, Braque, Greyhound, et un peu de chien nordique mais vraiment un tout petit peu, du husky.
Sur tous les chiens que j’ai, ils ont tous les même pères. Même si on peut les qualifier de bâtard, en fait, leur lignée est extrêmement suivie. On connait très bien les parents, grands parents,etc.
Chacun recherche le chien par rapport au type de chien qui lui correspond au niveau des performances qu’il veut obtenir, au niveau du type de course qu’il va faire et au niveau du caractère du chien. Moi j’ai débuté avec du Malamute d’Alaska, ensuite j’ai eu du Groenlandais, et enfin j’ai rencontré ce chien typé chasse. Ce n’est pas du tout un chien de meute. C’est un groupe de chiens dont leur référent c’est moi.
Bien entendu je ne peux pas mette les 27 chiens dans la maison parce que vous imaginez le bordel. Mais il y a toujours 5-6 chiens dans la maison. Par exemple Kruger est toujours avec moi 24h/24. C’est des chiens qu’on peut mettre très facilement en liberté.
La morphologie d’un Eurohound
Il y a de tout selon les lignées qu’on va prendre, si vous mettez plus de Pointer, de Braque ou d’Alaksan, vous allez avoir des “configurations” tout à fait différentes. Dans la famille des Eurohound on peut avoir des petits chiens de 20kg et des chiens de 35kg, tout dépend des lignées.
Moi, par rapport au type de course que je fais je veux des chiens pour les femelles 23kg, les mâles 26kg max, mais surtout qui soient haut sur pattes et long pour avoir une belle amplitude. Ça fait qu’on a des chiens puissants, rapides, endurants mais pas trop lourd. Un chien trop lourd va s’enfoncer dans la neige, donc risque de plus de traumatisme. J’aimerais avoir 10 chiens pareil dans l’attelage, ça c’est le rêve.
A propos des poils et de l’endurance au froid: “Je leur demande pas de dormir dehors. Je suis dans un contexte de compétition. Ils dorment dans un bus chauffé, ils sont bichonnés, etc. Qu’ils utilisent le moins de calories possibles. Après ils peuvent courir par -20, pas de problèmes. Regardez Martin Fourcade quand il va faire du biathlon il peut faire -20°C dehors il n’y a pas de soucis. Et le soir il prend une bonne douche et dort dans un hotel. On ne lui demande pas de dormir dehors.”
L’attelage varie selon les compétitions. Pour les courses type Lekkarod ou La Grande Odyssée, on a un pool de 14 chiens, dans cette équipe on va puiser minimum 8 chiens, maximum 10 chiens, selon l’étape qu’on va faire. Ça laisse donc toujours 4 chiens en réserve.
Un suivi assidu des entrainements
Tout est noté. Chaque entrainement est noté:
les km,
la température,
le dénivelé,
le comportement des chiens,
la place des chiens dans l’attelage,
si on a travaillé en puissance ou en vitesse,
si on a détecté des choses.
Ça permet en fin de saison de voir là où on a été fort, là où on peut s’améliorer. En étant plus ordonné on va progresser beaucoup plus vite.
La stérilisation dans le team: nécessaire?
Aucune femelle n’est stérilisée. Quand elles sont en chaleur, on fait juste attention. Ça n’empêche pas de courir avec. On a même fait le bivouac à La Grande Odyssée au Mont-Cenis, dans une tente Quechua 2 secondes avec 3 chiennes en chaleurs. A l’attelage, ça ne motive pas plus les mâles, ça ne les dérange pas non plus.
Le choix des chiens dans l’attelage
A partir de 18 mois, ils vont faire de la mid distance (40-60-80 km…).
Ils vont être super performant à partir de l’âge 2,5 ans.
Après ça va varier selon les chiens mais pour garder de la rapidité, si on veut être très rapide, je dirais plus 6-7 ans max. Je sais qu’il y a des chiens un peu plus âgés un peu moins rapide, je vais plutôt les privilégier pour les étapes plus longues, avec une neige plus molle, on va privilégié l’endurance, donc je vais choisir ce type de chien.
Progresser ensemble: des amis et concurrents à la fois
Rémy Coste nous parle un peu de ses relations avec des concurrents qu’il nous avoue être en fait des amis. Il traduit très bien un magnifique état d’esprit de compétiteur ouvert à l’autre, avec une volonté de progression et d’amélioration mutuelle.
“Pendant 3 mois, j’étais en Scandinavie je me suis entrainé avec Jean Philippe Pontier, qui est un ami et aussi un concurrent. Avec Jimmy Peterson, qui est ami et aussi concurrent.”“On a vu et on a prouvé qu’on pouvait s’entrainer ensemble, qu’on pouvait échanger ensemble, comparer ce qu’on faisait sans rien se cacher, pour progresser ensemble. Après quand on est sur la course, et ben on fait chacun notre course. Et ça ne nous empêche pas de nous tomber dans les bras une fois que la course est finie.”Conseil et mots de la fin: il faut être obstiné, ouvert d’esprit et se remettre en question.
Merci encore énormément à Rémy Coste d’avoir pris autant de temps pour répondre à toutes nos questions et à Royal Canin qui m’a permis d’être présent à la Lekkarod pendant 3 jours de folie!
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Un commentaire sur “Interview de Rémy Coste à la Lekkarod”
Guillemaud dit:
Article très intéressant… dommage que les images illustrant les races de chiens soit plus que folklorique ! En tout cas pour beaucoup comme moi qui s’interessent aux croisements faits pour optimiser leurs performances….
Article très intéressant… dommage que les images illustrant les races de chiens soit plus que folklorique ! En tout cas pour beaucoup comme moi qui s’interessent aux croisements faits pour optimiser leurs performances….