Dysplasie: elle découvre que son chien est atteint de dysplasie de la hanche à l’âge de 9 mois.
Elle se bat depuis 2 ans contre cette maladie, pour la survie de son chien et espérer un jour le voir à l’attelage.
Nous avons décidé de vous révéler ce combat pour la vie de son chien, contre la dysplasie de la hanche.
Une maladie tabou, où règne l’omerta, et qui pourtant affecte des milliers de chiens.
Dysplasie de la hanche chez le chien: une maladie héréditaire terrible
Allspark est un groenlandais adorable qui vit en Savoie, un chien brave, gentil comme tout. Il n’a rien demandé à personne mais un jour le sort c’est retourné contre lui.
Séverine, sa maîtresse, a découvert à ses 9 mois qu’Allspark souffrait de dysplasie de la hanche. C’est une maladie osseuse héréditaire que l’on évoque souvent dans les descriptifs de races de chien (par exemple dans mon cas, c’est un sujet systématique chez le husky sibérien) ou dans les choses à vérifier lorsque l’on achète un chiot. Mais pourtant, il règne un véritable tabou autour de cette maladie, bien souvent trop prise à la légère.
Au premier regard elle c’est dit, s’est lui et pas un autre
Comme beaucoup d’entre nous, Séverine avait un rêve. C’était d’avoir son petit attelage de malamutes. Puis un jour, sur facebook, elle est tombée sur une photo de Allspark à 1 mois. Ce n’était pas un malamute mais il y a eu ce qu’on pourrait appeler le coup de foudre. Ce genre de moment magique que l’on ne peut expliquer. Au premier regard elle c’est dit, c’est lui et pas un autre.
Séverine et Allspark sont très loin de leur rêve
Aujourd’hui, Séverine et Allspark sont très loin du rêve de partir en traineau sur la neige à travers des paysages époustouflants. Le rêve est loin, très loin. Et je peux vous dire qu’après l’avoir eu Séverine longuement par téléphone, c’est avec émotion que j’écris ces lignes et toutes mes pensées vont vers eux. Je vais vous expliquer tout en détail afin que chacun prenne conscience du drame qu’entraîne une dysplasie de la hanche chez le chien, que cette maladie est héréditaire et donc que les éleveurs peuvent anticiper les risques en observant la généalogie des parents, en dépistant les reproducteurs et enfin qu’il y a des hommes et des femmes qui se battent chaque jour pour leurs chiens, comme par exemple le maître de Chinook.
Séverine a un cadre idéal pour ses chiens. Ils vivent en compagnie de vaches, sur un domaine agricole de 20 hectares, avec rivière à domicile. Le décor est idyllique et pourtant. La maîtresse d’Allspark a un pincement au coeur de savoir que son groenlandais ne courra jamais devant un traineau. Elle aime ses chiens et ils lui rendent chaque jour.
Comprendre la dysplasie
Comme je vous ai dit, la dysplasie de la hanche chez le chien est un maladie squelettique qui affecte comme son nom l’indique les hanches du chien. Elle est héréditaire. Cela signifie que si les parents, grand parents ou arrière grand parents du chien ont eu une dysplasie, il y a un risque plus élevé pour que leurs chiots aient aussi une dysplasie de la hanche. Je ne suis pas expert en la question, donc pour que vous compreniez bien ce qu’est la dysplasie, voici quelques liens.
- Téléchargez le PDF “Fiche clinique – la dysplasie de la hanche chez le chien“, du centre vétérinaire DMV.
- Opération prothse totale de hanche
- Opération resection tête col
Dysplasie chiot
Mon chien a commencé à marcher bizarrement
Séverine a déjà 3 malamutes, 1 bouvier et donc 1 groenlandais, Allspark.
Vers 9 mois, elle a remarqué que Allspark commençait à marcher bizarrement, avec une angulation particulière.
Il s’assoit bien sur ses pattes et pas les pattes sur les côtés comme les vaches mais il boitillait et courrait comme un lapin. Le vétérinaire a dit de le mettre au repos 15 jours. Ça l’a effectivement calmé mais il s’est rapidement remis à boiter. L’ostéo canin a trouvé ça bizarre. Allspark devait avoir quelque chose de plus grave aux hanches.
Séverine a alors consulté un spécialiste qui a lui même des groenlandais et malamutes: le vétérinaire de Lyon, Roger MASSARDIER.
Son constat est cinglant: les 2 pattes arrières du chien sont en en subluxation. Il aurait fallu l’opérer mais il est trop vieux. L’ostéotomie du bassin, se pratique sur les chiots jusqu’à 7 mois. La seule solution qui reste est d’attendre que sa croissance finisse, donc vers les 12 mois, puis de réaliser des opérations lourdes.
En attendant, Allspark est soumis à des antiinflammatoires + en réserve du Calmivet, un tranquilisant si jamais il se luxe.
Les opérations en clinique commencent
Arrive alors ses 12 mois. A 1 an, Allspark est censé avoir quasi-fini sa croissance. C’est souvent à partir de cet âge que les chiens commencent à courir et tirer en attelage. Mais ce n’est pas le cas d’Allspark. Ses hanches sont dans un état catastrophique. Il souffre d’une impressionnante arthrose. La solution retenue est de lui poser des prothèses, car il a trop d’arthrose, ce qui requiert une chirurgie très spéciale. Séverine et son chien partent alors pour la clinique OLLIOLIS, à Toulon, chez le Dr Jean-Luc CHANCRIN, chirurgien orthopédiste.
Au début, les frais envisagés étaient conséquents mais en rien comparable avec ce qui attendait réellement Séverine. Les premières opérations envisagées étaient: une ablation col et du femur, une opération à 1 000 euros. En attendant, ils ont réalisés plusieurs séances en tapis émergé dans l’eau chez Canemotion pour du renforcement musculaire + Séverine l’emmenait nager tous les jours à sa rivière pour qu’il garde un poids de forme et un peu de muscle.
Il est très dur de garder un groenlandais aussi jeune à ne rien faire 🙁
A 15 mois, sa croissance est complètement terminée. Il subit donc l’opération tant attendue: 1ère prothèse totale de la hanche à droite (la hanche qui est la plus atteinte, car malgré tout il arrive à compenser sur l’autre qui est toute aussi atteinte).
Allspark vit alors pendant 2 mois en convalescence dans un chenil dédié, que Séverine à acheté et installé exprès: barreaux lisses pour ne pas essayer de grimper, plancher dans le chenil et moquette dans la maison pour ne pas qu’il glisse. Au bout d’un mois, vient le contrôle post-opératoire. OK, il a enfin le droit de se balader seul, sans surveillance particulière. Un mois encore plus tard, Allspark peut même se balader avec la meute. Il y a donc du progrès mais attention! Toujours pas d’attelage.
Groenlandais à 2 ans: 2 prothèses, toujours pas d’attelage…triste anniversaire
Mettre 2 prothèses à 1 chien, c’est très rare. Mais sans les 2 prothèses, ce gentil groenlandais ne peut pas être attelé (cani vtt , cani trotinette). Entre temps, 10 séances de tapis immergé + rivière, puis de nouveau des douleurs à la hanche, cette fois-ci à gauche. Donc opération de sa 2ème hanche pile pour ses 2 ans (2 ans, 2 prothèses… triste anniversaire).
Moins de 2% des chiens ont 2 prothèses
Allspark est le plus jeune chien de la carrière du spécialiste qui a 2 prothèses.
Le drame: l’infection
Au retrait des points le chien s’est mis à hurler. 1 semaine après sa cicatrise commence a saigner et il y a du pus.
Le pire qu’il puisse arriver est une infection qui irait jusqu’aux prothèses. Cela obligerait de les retirer. Allspark est mis sous antibio pendant 1 semaine, espérant que ça se soigne. Mais la cicatrice continue de s’infecter.
Objectif: trouver le germe problématique en faisant un antibiogramme. Pour ce faire, besoin d’attendre encore 9 jours. C’est obligatoire à cause des antibio déjà donnés. Pendant ce temps la cicatrice continue de pourrir… Les jours sont interminables…
Le germe est enfin trouvé! Le chien a un staphylocoque antibiorésistant, qui résiste a tous les antibio. Ils testent de lancer tous les antibio en même temps, et ce, en double dose pendant un mois et demi. La solution est très lourde en traitement.
A l’arrêt des antibio, tout se passe bien pendant 2 mois. Séverine et Allspark peuvent commencer à penser à l’avenir, à raviver leur rêve de chien de traineau. Séverine achète une trottinette globe3T électrique pour l’aider au maximum pour ne pas qu’il force. Bref, elle achète tout l’équipement canicross, canitrotinette, harnais pour chien etc. Ils font de petits entrainements vraiment tranquille, 1 km sur du plat. Le chien était heureux, les oreilles collées au crâne, concentré, des petits regards vers sa maîtresse pour voir si il faisait bien, un groen heureux…
Le chien n’arrive plus a poser sa patte
10 jours après le chien n’arrive plus a poser sa première patte par terre, celle opérée il y a un an. On notera qu’il a eu en tout 12 anesthésies. Ils l’ont mis sous anti-inflammatoire, mais toujours problème. Ce n’est pas gravissime mais il y a une capsule de hanche qui est descellée, qui nécessite nouvelle opération sur Toulon. Encore, et encore,…et ce n’est pas tout.
Finalement, pendant son opération, le chirurgien constate que toute la prothèse était décelée. Allspark fait un rejet du à un sepsis. En fait l’infection sur la cicatrice de la seconde opération est une résultante d’une infection massive à la première prothèse. On repart en enfer. On bombarde de billes gentalline dans son os pour éviter une autre infection.
Allspark aujourd’hui
- Il se retrouve avec une ablation de la tête de fémur et du col , il n’y a que les muscles qui tiennent sa hanche, donc sa patte, il a comme une patte morte de pantin , j’ai vraiment du mal avec cet échec pour lui , pour nous …cette patte comme morte me dégoute , mais il faut continuer pour lui; donc besoin de faire 20 séances, à 1h15 de route, 12minutes au début puis là les séances durent 36 minutes avec augmentation progressive de la vitesse et du niveau d’eau de tapis immergé pour le muscler le plus rapidement possible , et séances d’étirement .
- Énormément de risques pour la 2ème prothèse, comme dit le chirurgien chaque jour suffit sa peine..moins de 2 % des chiens ont 2 prothèses et moins de 1,7% des chiens font un rejet… et pourtant…
Dysplasie de la hanche chez le chien: coût de l’opération
Le coût des opérations, les consultations, les médicaments, les radios,… ne sont largement pas les seuls éléments à prendre en compte dans le bilan. Il faut bien mesurer l’énergie, l’ascenseur émotionnel que cela représente, le nombre de kilomètres parcouru, de temps passé pour lutter contre cette maladie, de nuits d’insomnies, de vacances oubliées et j’en passe.
En résumer:
- 17 500€ de frais (faire une radio de dépistage des reproducteurs coûte environ 150€ et la lecture officielle 45€)
- 10 800 km fait ensemble
- des nuits d’insomnies
- toute les vacances passées pour ses opérations et sa convalescence
- des litres de larmes de colère , de désespoir et d’amour
- 40 séances tapis immergés
- 3 opérations lourdes sur Toulon
- des litres d’anti inflammatoire
- un nombre de consultations et de radios à ne plus compter
- il n’aura jamais fait d’attelage, il sera un chien de cani rando
Quelques mots de la maîtresse de Allspark…
Allspark est gentil comme tout, patient. Quand je pars avec les autres en attelage c’est un déchirement il hurle de désespoir de ne pas venir …alors que les malamutes resteraient bien sur le canapé…
Il hurle de désespoir de ne pas venir
Quand j’ai pris un groenlandais tout le monde me disait: “Tu t’en fou de la dysplasie, un groen c’est un chien de travail, c’est non sujet à la dysplasie…”
On a découvert que dans la lignée il y avait déjà eu de la dysplasie. C’est un milieu très confidentiel, où l’omerta règne “pour ne pas faire de vague”.
On te fait croire que c’est toi qui a bousillé ton chien, que tu as mal fait.
Il faut arrêter que ce soit un tabou! Il faut que les éleveurs dépistent est sélectionnent les reproducteurs.
Allspark, ce petit loup bien courageux
Je remercie
- Les équipes de santé qui prennent soins de Allspark et qui sont toujours disponibles: Clinique des GENETS, Clinique OLLIOLIS, Clinique du Repère, Canémotion
- Des amis et un fan Sparkou club (petit nom de Allspark ) qui sont juste merveilleux
- Mon conjoint qui me soutien depuis le début
- Ma meute qui reste soudée et qui sont incroyablement gentils avec Allspark
- Allspark, ce petit loup bien courageux qui malgré tout, reste un chien avec un caractère extraordinaire
Rejoignez le groupe facebook “La dysplasie chez les chiens nordiques“
Je me suis retrouvée seule face à un tabou. Il a fallut que je comprenne ce qu’avait Allspark.
J’ai fait beaucoup de recherches et surtout j’ai essayé de trouver des nordiques ayant des prothèses pour savoir ce qu’était la vie d’un nordique appareillé. J’ai lancé des appels à l’aide sur tous les groupes de malas et de groen et j’ai finalement trouvé 2 malamutes avec une prothèse.
Quel bonheur de pouvoir échanger avec d’autres personnes sur ses angoisses et ces questions!
Je me suis rendue compte qu’aucun groupe n’existait sur facebook sur ce sujet et pourtant des milliers de chiens dysplasique… j’ai crée le groupe et bien sur même les nons nordiques sont acceptés, mais la question est que fait on de nos chiens de travail qui ont dans leur instinct cette envie de travailler?
Ce goupe est très important pour moi et je me suis faite un devoir d’informer et de sensibiliser… On imagine les problèmes toujours chez les autres jusqu’au jour ou le problème entre par votre porte!
Je sensibilise le monde du groenlandais, le club de race… Je n’ai rien gagner en faisant cela et je n’ai plus rien à perdre. J’ai perdu au moment ou Allspark a fait son rejet…
La question de l’euthanasie c’est parfois posée, mais à chaque fois que tu le vois, que tu croises son regarde, tu dis non, il faut se battre.
Pour ALLSPARK.
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